Pour sa première édition, du 16 au 18 octobre 1970, le Trophée Lancôme ne réunissait que huit joueurs mais pouvait s’enorgueillir de présenter au public parisien quelques-unes des principales étoiles du golf mondial : l’Américain Arnold Palmer, le Sud-Africain Gary Player et l’Anglais Tony Jacklin, quatorze titres majeurs à eux trois. Loin d’être fugace, ce festival devait se prolonger sur le même rythme jusqu’en 1981, ajoutant à son générique les Américains Tommy Aaron, Johnny Miller et Lee Trevino, ou l’Espagnol Severiano Ballesteros. Dans le rôle du grand artificier : le fondateur du « Lancôme », Gaëtan Mourgue d’Algue.
Au dire de celui-ci, l’histoire de la création de ce tournoi, dont la 34e et dernière édition se déroule du jeudi 11 au dimanche 14 septembre, à Saint-Nom-la-Bretèche (Yvelines), tient en peu de mots. « Ça s’est fait, poum, comme ça ! C’était extraordinaire. Ça a été une aventure exceptionnelle », s’émerveille ce sexagénaire qui porte les années avec autant d’élégance que de prestance et qui a consacré toute sa vie au golf.
Joueur amateur de haut niveau, il entame en 1955 une carrière riche de vingt-six titres de champion de France, dans différentes catégories, au cours de laquelle il sympathise avec un autre passionné, un certain Mark McCormack, futur fondateur d’International Management Group (IMG).
En 1969, il commence une nouvelle carrière de « rédacteur, relations publiques et publicitaire » pour la revue Tennis et Golf, qu’il rachète deux ans plus tard pour en faire le magazine Golf européen. C’est dans ce cadre qu’il rencontre Pierre Menet, le président de la société Lancôme, qui accueille avec entrain son idée de créer un tournoi « élitiste » sur invitations.
L’ABSENCE DE JACK NICKLAUS
Ne restait plus à Gaëtan Mourgue d’Algue, et à son associé Dominique Motte, qu’à peaufiner avec Mark McCormack le contrat qui lierait Arnold Palmer au Trophée Lancôme pour quelques années. Enlevé par Tony Jacklin devant Arnold Palmer, le premier Trophée Lancôme fut âprement disputé sur le parcours de Saint-Nom-la-Bretèche, qu’il ne devait plus quitter par la suite. Ce fut un gouffre financier – rattrapé dès l’édition suivante – mais un franc succès populaire auquel assistèrent, suivant les sources, entre 7 000 et 14 000 spectateurs. Ce flou des estimations déclenche l’hilarité du créateur de l’événement-: « Il est très difficile d’estimer le nombre de spectateurs sur un tournoi de golf. C’est un peu comme pour les manifestations, où il y a les chiffres de la police et ceux des syndicats… »