Pauline Roissard de Bellet de Vilmorin (1892-1940 ) 1ère championne de France

Pauline de Bellet 1908 1ère championne de France

Article présentant le 1er championnat de golf des Françaises : Femina. Hélène Avryl.

« Les golfs furent d’abord fréquentés par des anglais et voici que maintenant les françaises s’adonnent avec rage dans ce sport.
Mais les françaises sont entrées un peu tard dans la carrière, d’où leurs défaites presque continuelles par leurs aînées d’Outre-Manche. Souhaitant promouvoir le golf auprès des françaises afin qu’un jour, celles-ci puissent rivaliser avec les meilleures britanniques et américaines notre directeur, Pierre Lafitte, a fondé la Coupe Femina qui sera uniquement réservée aux joueuses françaises ».
« …Toutes les joueuses françaises appartenant aux Golf-Club reconnus pourront prendre part à cette épreuve, qui se disputera le 18 juin sur le terrain du Golf Club de La Boulie. …..Femina publiera naturellement le compte rendu de cette épreuve sensationnelle.

La Coupe Femina sera donc désormais le véritable championnat féminin de Golf de France ».

 

Pauline Roissard de Bellet

Fille du baron Jean Roissard de Bellet et d’Elizabeth Caroline Prodgers, Pauline Roissard de Bellet est née le 31 mars 1892 à Paris.

Douée et certainement volontaire, Pauline montre de réelles aptitudes au jeu de golf. Après quelques mois de pratique, elle participe le 18 juin 1908 à la Coupe Femina organisée au golf de Paris. Le championnat se déroule par une pluie battante.

Elle remporte le tournoi et devient à 16 ans, la 1ère championne de France Dames de golf.

« Je pense qu’après cette expérience, on ne viendra plus prétendre que les françaises ne sont pas sportives » Hélène Avryl. Femina 15 juillet 1908.

D’année en année, le jeu et le style de Pauline progresse.

Dans son livre, Arnaud Massy écrit  » Le style de Mlle de Bellet rappelle beaucoup celui de son frère François ; il est franc, net et des plus plaisants à voir. Il serait à souhaiter que beaucoup de « golfeurs » jouassent dans un style aussi complet. »

Jusqu’en 1913, la jeune joueuse conserve son titre national ( en 1911, la Coupe Femina n’a pas eu lieu ).

En 1914, Pauline de Bellet, affectée par un deuil dès le début de l’année, ne participe à aucune épreuve. Mlle Boas remporte le titre au golf de Fontainebleau.

Après la grande guerre, les compétitions reprennent tranquillement, et les joueuses retrouvent leurs championnats dès 1920.

Pauline obtient son sixième titre et « Casse la barre des 80 » .

C’est un exploit !

Un aller en 36 et un retour en 42 soit 78. C’est une première pour une golfeuse française. Pour info, la seconde avait réalisé 102.

L’année suivante, Mlle de Bellet enregistre son septième titre et dernière victoire dans la Coupe Femina.

 

Championne Internationale de France à 21 ans.

Depuis quelques années, Pauline se rend l’été au Touquet Paris Plage, station balnéaire créée en 1903 par Allen Stoneham et John Whitley. Ce bel et luxueux endroit est devenu le lieu de villégiature où la haute société franco-britannique se rencontre.

« Paradis des Sports », la station possède bien entendu un terrain de golf. Celui-ci, dessiné par le célèbre Horace Hutchinson, est inauguré en 1904 en présence du 1er ministre britannique, Lord Balfour.

Depuis 1906, le Comité du golf du Touquet organise chaque année une grande compétition féminine. En 1909, il soumet à Florence Stoneham, l’épouse d’Allen Stoneham, l’idée de doter ce championnat.

Mme Stoneham accepte et offre une belle coupe sur laquelle est gravée « Ladies Golf Championship of France ».

Seconde du tournoi en 1910, Mademoiselle de Bellet est, à l’époque, la seule française dont le niveau de jeu permet d’espérer un jour, une victoire dans une telle épreuve.

La présence de Cécil Leitch en 1912 donne au tournoi le petit plus qui manquait afin qu’il devienne, très vite, l’incontournable tournoi de l’élite féminine.

En 1913, c’est la consécration ! Pauline de Bellet remporte au golf du Touquet, le titre International « Pierre Lafitte n’a pas eu longtemps à attendre avant qu’une française exauce son souhait ».

La belle aventure du golf féminin français vient de commencer.

 

Pauline Roissard de Bellet devient Madame Roger de Vilmorin.

La championne française épouse Roger Lévêque de Vilmorin ( frère de Louise ) en janvier 1926 à Nice. Le couple s’installe à Verrières le Buisson dans la maison familiale des Vilmorin et dès 1928, Pauline donne naissance à leur premier enfant.

Quatre autres enfants dont des jumeaux vont naître de cette union entre 1929 et 1933.

 

Instigatrice du golf féminin français.

En novembre 1926, Cécil Leitch, la grande joueuse britannique, écrit un article dans la revue « Golf Illustrated Ltd » au sujet de Pauline de Bellet et du golf féminin en France.

Une traduction est faite par « Tennis & Golf » en décembre 1926 dont voici un extrait :

« Jusqu’en 1923, il n’existait guère en France qu’une seule joueuse de golf dont la réputation avait dépassé les frontières de son pays natal. Cette joueuse était Pauline de Bellet ( devenue depuis Mme Roger de Vilmorin ), et c’est presque entièrement grâce au très vif intérêt qu’elle a toujours pris à l’amélioration du jeu de ses compatriotes que la France est maintenant capable de constituer une excellente équipe féminine. Bien que Pauline de Vilmorin ait fait de fréquents séjours en Grande Bretagne, elle n’a jamais pris part à aucune grande compétition d’Angleterre ; mais cependant elle a eu constamment l’occasion de fréquenter les meilleurs joueurs anglais des deux sexes avec lesquels elle a fait de nombreuses parties ; et l’expérience qu’elle a pu acquérir de la sorte lui a permis de devenir un juge très averti de la forme des joueurs, un guide dont les conseils pouvaient toujours être écoutés avec fruit, et enfin un remarquable organisateur. [……..] et je crois qu’on peut dire sans aucune exagération que l’accueil particulièrement aimable que cette brillante joueuse a toujours su réserver en France aux visiteurs étrangers n’a pas peu contribué à faire du Championnat Ouvert de cette contrée l’une des épreuves connaissant annuellement le plus grand succès. Il est incontestable que la venue régulière de compétitrices étrangères n’a point tardé à produire les résultats désirés, non seulement en faisant passer sous les yeux des débutantes des modèles dont ils pouvaient s’inspirer, mais aussi en contribuant à considérablement augmenter chez les golfeuses françaises le nombre de celles qui, sans être surclassées, purent honorablement figurer dans les épreuves internationales.
Jusqu’en 1921, Mme de Vilmorin appartenait seule à cette catégorie ; mais cette année là, le championnat International de France, disputé sur les links de Fontainebleau, enregistra un nombre record d’entrées comprenant celles de plusieurs joueuses françaises qui sur les instances de Mme de Vilmorin, s’étaient décidées à profiter de cette occasion pour recevoir le baptême du feu, comprenant sans peine tout le bénéfice que leur jeu en pourrait retirer par la suite.
Et, ayant eu l’occasion de suivre de près les performances des joueuses françaises accomplies depuis 1912, j’ai l’impression très nette que leurs progrès ont marché avec l’extraordinaire rapidité que nous avons pu constater.[…..] » Cécil Leitch.

 

1929, le Comité des Dames

Bien avant l’officialisation du Comité des Dames, Pauline de Vilmorin, associée à Barbara Vagliano, oeuvre pour le développement du golf féminin français en commençant par un nouveau système de handicap dont les règles de calcul sont les mêmes qu’utilisent le Ladies Golf Union de Grande Bretagne pour leurs joueuses puis, elles s’intéressent au projet d’une grande rencontre internationale.

D’après le magazine Golf Illustrated d’avril 1928, l’idée de créer une rencontre internationale féminine remonte à 1924 avec l’Ecossaise Dorothy Campbell Hurd, 1ère grande championne internationale ( vainqueur du British, US et Canadian Ladies Championship ) qui était chargée de cette délicate mission.

Trois ans plus tard, en juillet 1927, l’Américaine Fanny C. Osgood, présidente du Women Eastern Golf Association se rend en Europe afin d’exposer aux deux représentantes principales des associations de Golf de Grande Bretagne et de France, un projet d’apparence plus solide, réunissant également le Canada.

Après avoir vu Miss Macfarlane, secrétaire du Ladies Golf Union, l’Américaine a un rendez-vous avec Pauline de Vilmorin, « the président of French Association » ( cette responsabilité attribuée à la championne française indique bien, qu’elle était déjà l’interlocutrice principale du golf féminin en France bien avant la création du Comité des Dames au sein de l’UGF en 1929 ).

L’idée de quadrangulaire réunissant les meilleures Nations a enthousiasmé Pauline de Vilmorin.

Ce trophée, appelé Curtis Cup, doté par les sœurs Harriot et Margaret Curtis ( exceptionnelles championnes du golf américain du début du 20ème siècle ) créé en 1929, évolue en une rencontre Etats-Unis / Grande Bretagne dès 1932.

En 1930, avec son associée Barbara Vagliano, les Françaises contactent le Ladies Golf Union de Grande Bretagne, et soumettent un projet de match France / Angleterre dont la coupe est offerte par Barbara et André Marino Vagliano.

Après acceptation du projet, le LGU recevant la 1ère Curtis Cup à Wentworth, décide d’accueillir également en Angleterre la 1ère Vagliano Cup en 1931.

La rencontre se déroule à Oxhey.

L’équipe française est composée de Barbara Vagliano, Capitaine, Nicole Décugis, Simone Lacoste, Janine Munier, Monique Pétin , Mesdames Aublin, Monier et Waddel.

Pauline de Vilmorin vient d’avoir son quatrième enfant. Manquant certainement d’entraînement, elle ne participe pas à cette grande première.

 

1929, la Coupe Mme Roger de Vilmorin

C’est un Foursome Dames qui est dans un premier temps imaginé. Mais le choix se porte finalement sur un simple dont la formule de jeu est similaire à la Coupe Mouchy. Qualification en stroke play scratch et match play pour les quatre qualifiées.

Réservée aux meilleures joueuses, la coupe Vilmorin enregistre dès la première année 46 participantes. Réunies au golf de la Boulie malgré un temps déplorable, Janine Gaveau-Munier est la 1ère à inscrire son nom au palmarès.

Le championnat est joué jusqu’en 1964. Puis en 1970, la Coupe Vilmorin sort des placards de la FFG et dote le Tournoi des Nations de l’International de France Juniors Féminin « la Coupe Esmond ».

 

1932, son 8ème titre national

Le golf féminin est en fête.

Il célèbre la 10ème édition du nouveau National Dames « le trophée Pierre Deschamps ».

Mère de famille comblée, Pauline de Vilmorin a un peu délaissé la compétition mais assume ses responsabilités en tant que présidente du Comité des Dames.

Afin de célébrer cet évènement, sa participation au championnat est une agréable nouvelle et surprise. Doyenne des championnes de France, quatre fois finaliste de ce trophée, son retour est certes, remarqué, mais il va surtout être remarquable.

A quarante ans, elle obtient son huitième titre national mais le premier du nouveau règlement. Il ne pouvait pas y avoir meilleur résultat pour célébrer cet anniversaire du golf féminin.

 

La tragédie

 

En 1939, le conflit mondial éclate.

La famille de Vilmorin quitte Verrières le Buisson et s’installe dans un premier temps à Nice dans la maison familiale du Baron de Bellet puis se rend près de Draguignan.

Hélas, une épidémie de diphtérie va frapper la région.

Pauline de Vilmorin et deux de ses enfants contractent la maladie.

Sophie, une de ses filles, est malade en premier et bénéficie de soins.

Pauline et Claire, la petite dernière, contractent à leur tour la maladie mais, ne peuvent bénéficier de soins. Pénurie totale de médicaments.

Pauline de Bellet s’éteint à Nice le 4 août 1940 quelques semaines après le décès de sa fille.

 

Rédacteur : Philippe PALLI