Arnaud MASSY (1877-1950)

Driver "Arnaud Massy Special" et fer "long face mashie Arnaud Massy Special" faisant partie de la rare série autographe fabriquée par William Gibson, Kinghorn, Fife - Ecosse circa 1910.

– J’ai tapé mes premières balles à Etretat, Arnaud Massy y a tapé ses dernières

– A Ciboure, j’habite rue Arnaud Massy.

– Je suis passé pro, l’année du centenaire de la naissance d’Arnaud Massy

– J’ai enseigné à la Nivelle quatre-vingts ans après Arnaud Massy

– J’ai gagné le Trophée Arnaud Massy à Palmola, l’année du centenaire du golf de Biarritz où débuta Arnaud Massy
– Ma fille ne s’appelle pas Palmola.

– Arnaud Massy est né à Biarritz, le 6 juillet 1877…………………….

Biographie d’Arnaud Massy revue et visitée par Philippe PALLI – Paris le 01 Octobre 2007

1907 – 2007 : anniversaire de la victoire d’un french au British ! cela méritait un hommage …

Arnaud Massy 1ère période

Le hasard a voulu que le parcours du golf de Biarritz ou golf du Phare, soit construit à proximité de l’école que fréquentait Arnaud Massy.
La curiosité n’étant pas forcément un vilain défaut, Arnaud décide d’aller voir ce sport dit anglais de plus très. Oh ! pas comme futur sociétaire mais pour répondre à une offre de travail : porteur de crosses appelé cadet.
Le travail n’est pas trop contraignant par contre le règlement est assez stricte.
En suivant bien les consignes prescrites par le Master Cadet, Arnaud et les autres ont plus de chance d’être « loués » pour un parcours ou deux permettant ainsi en fin de journée d’entendre quelques sous sonner dans leurs petites poches.

Fascinés par ce nouveau sport, les cadets de Biarritz ne tardent pas à trouver un terrain vague à proximité du golf, pour y installer quelques trous.
C’est « sur leur golf privé » qu’avec acharnement, s’organisent de redoutables matchs avec un enjeu financier énorme. « Ce qui contribua à développer chez certains ce vif désir de gagner ».
Concernant les cannes, euh ! la CANNE, en posséder une, est d’après Massy « le summum de l’opulence ». Un jour, à sa grande surprise, Arnaud trouve, oublié dans quelque coin par un des rares golfeurs gauchers du golf de Biarritz. un vieux cleek qu’il décrit comme « l’objet de mes convoitises ».

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Massy fier de sa trouvaille débute en gaucher.

Extrêmement passionné, travailleur et déterminé, dès qu’il en a l’occasion il s’entraîne. Il cherche à reproduire par effet de miroir, ce qu’il voit. Ce don de l’imitation qui lui est tombé dessus comme à tous les autres cadets devenus d’excellents joueurs, ne laisse pas indifférent Sir Everard A. Hambro.
Banquier britannique et imminent personnage à l’origine du golf de Biarritz, il voit en ce jeune cadet une trace de génie.
Arnaud joue souvent en sa compagnie et lui exprime le regret de ne pas trouver suffisamment de matches dont le niveau, plus élevé, lui permettrait de progresser.

En 1898, Sir Everard A. Hambro l’emmène passer une saison d’été à North Berwick, haut lieu du golf écossais, et se charge du planning.
Ce premier contact en terre écossaise, lui permet de découvrir le golf avec un grand G.

Au programme, fabrication et entretien des divers cannes : drivers, brassies, spoons, cleeks, mashies, niblicks, putters etc.. chez Hutchinson.
Puis, il fait la connaissance de Davie Grant, le beau-frère du célèbre Ben Sayers.
Bon joueur et réputé excellent enseignant, Davie Grant a participé au British Open de 1879 à 1894 et a obtenu une excellente 6ème place en 1888. Année, où il est devenu le professionnel du golf de Dinard.

Le fait de jouer sur de nouveaux parcours mais aussi de pratiquer avec d’excellents joueurs lui permet d’améliorer son jeu, sa technique, d’acquérir les différents coups nécessaire au jeu, renforcé ses connaissances en anglais et bien entendu faire de belles rencontres.
« J’eus l’occasion de progresser considérablement dans cette atmosphère de golf qui rayonnait autour de regretté Ben Sayers ».

De retour à Biarritz, le basque revient plus motivé que jamais et n’a qu’une seule idée en tête, y retourner.

Pendant de nombreuses années, il fait la saison d’été à North Berwick et passe l’hiver à Biarritz. Continue d’observer, de côtoyer les plus grands joueurs britanniques bref, il ne cesse d’apprendre.

En 1899, il assiste à un match mémorable : Harry Vardon contre Willie Park.
Harry Vardon, le fascine.
Le jeu du britannique le fait frissonner, vibrer, l’enthousiasme, le motive, l’excite.
Ah !Vardon, Vardon. Il n’a que ce nom à la bouche. C’est un EXEMPLE de perfection.

En 1902, il joue pour la première fois le Championnat de Grande Bretagne et termine à la dixième place.

Puis, les réflexions suivantes « ..qu’il était vraiment fâcheux qu’avec des dispositions comme les tiennes, tu eus pris la mauvaise habitude de jouer à gauche.. », « ..qu’il était sans exemple dans l’histoire du golf qu’un gaucher ait jamais remporté un championnat de quelque importance.. » lui ont fait comprendre qu’il s’obstinait à jouer du mauvais côté.
Un par un, il brise ses cannes et recommence en droitier avec plus d’acharnement.

Le Golf de Paris fait appel à ses services, mais au bout de quelques semaines, loin des embruns maritimes basques et écossais, il décide de retourner à Biarritz, continue d’aller en Ecosse pour la saison d’été et, est surtout déterminé à améliorer son golf.

Le temps passe et, en 1904, il épouse Janet Henderson qu’il a rencontré à North Berwick.

Arnaud Massy : 4 victoires dans le Grand Omnium de France entre 1906 et 1925

Seul professionnel français a joué en Grande Bretagne grâce à l’aide d’un mécène britannique et qui fait, Ô miracle parti des meilleurs, Massy accepte finalement en 1905 le poste de professionnel au golf de Paris.
Mais, à une condition, qu’il puisse continuer à jouer les tournois en Grande Bretagne.

La venue du basco écossais, en terre versaillaise, a probablement permit à Pierre Deschamps, Président du golf de Paris la Boulie, d’imaginer un championnat réunissant les meilleurs joueurs de Grande-Bretagne et de France.
En effet, lors de son voyage aux Etats-Unis, quelques années auparavant, il avait été surpris par l’engouement et les bienfaits qu’apportaient les championnats professionnels aux américains et surtout aux jeunes.

Cette épreuve, permettrait de promouvoir le jeu de golf en France mais également le golf de Paris.
« Quant aux spectateurs, même profanes, si l’on veut les attirer, il faut les mettre en face de joueurs émérites dont les attitudes et les coups sont faits pour les séduire… . » extrait préface Pierre Deschamps. Arnaud Massy, Le Golf.

Le parcours de la Boulie est alors ré-aménagé, allongé, tout est prêt pour accueillir la rencontre.

1906

Une vingtaine de joueurs français et britanniques participe à ce tournoi.
L’organisation y est certainement parfaite. Les joueurs, interdits de Club House cela va de soi, sont cependant bien accueillis par les représentants du golf et un peu d’argent est prévu pour les mieux placés à l’issue des 72 trous.
Les absents ayant toujours tort, le championnat est gagné par Arnaud Massy devant Tom Vardon, frère du célèbre Harry avec un score de 72 76 71 73 = 292.

Il est probable que Pierre Deschamps n’ait pas eu de suite l’ambition de créer une grande épreuve internationale du nom d’Open Championship of France.

En effet, il est surprenant de constater que cette 1ère grande victoire du golf français face aux meilleurs professionnels britanniques et nationaux , laisse la presse française complètement indifférente.
Même les éditions Pierre Lafitte qui diffusaient régulièrement les mérites du jeu de golf, font impasse sur cette rencontre et première conquête française.
Certes, H. Vardon, Taylor et Braid n’étaient pas présents et peut être pour cause. Mais, Arnaud Massy fait déjà partie des cinq ou six meilleurs professionnels d’outre-manche.

1907

Ce n’est qu’après la victoire de Massy au British, que l’on commence à parler de la rencontre des joueurs professionnels à la Boulie dans la presse nationale.
Tous, sans exception, viennent disputer le championnat français dans le but de prendre revanche.
Harry Vardon, John Henry Taylor, James Braid et tous les autres s’inclinent une nouvelle fois devant Maître Massy. Score : 77 72 74 75 = 298.
Cerise sur le gâteau pour le golf français, Jean Gassiat, dont c’est la 1ère fois participation, termine second.

1908

Pour la deuxième année consécutive, tous les meilleurs professionnels d’Outre-Manche sont présents à la Boulie.

Contrairement au British ou à l’US Open, qui furent dotés dès leurs créations d’un trophée, le tournoi français ne le sera que dès 1908. Et, c’est Léna Stoïber, milliardaire américaine, membre du Golf de Paris qui, en mémoire de son mari décédé deux ans plus tôt, va offrir la coupe à la Société du Golf de Paris-la Boulie.

Cela aura pris un peu de temps mais il faut le reconnaître, la coupe est vraiment superbe. On y voit graver :

Golf de Paris
Grand Championnat Omnium
( Open Championship of France )
Edward George Stoïber Cup.

 

Article paru dans le Figaro du mardi 10 novembre 1908.

Rubrique : « Le Monde et la Ville »

 

La Boulie vient de compléter la collection de ses coupes de championnat grâce à la grande générosité d’une de ses membres Madame Edward George Stoïber – qui avait d’ailleurs annoncé au commencement de l’été ses gracieuses intentions en mémoire de son mari qui, de son vivant, avait témoigné beaucoup d’intérêt pour le Golf de Paris – a offert à la Société de la Boulie un trophée destiné à représenter pour la France ce que le trophée anglais représente dans « l’Open Championship » .
Le trophée anglais attaché à cette épreuve, est envoyé chaque année au Club dont le professionnel a gagné le championnat, et c’est ainsi qu’Arnaud Massy, champion du monde en 1907, l’a rapporté à la Boulie, qui l’a eu en garde jusqu’en 1908.
Le trophée français qui va être exécuté par un des grands orfèvres de Paris, et, qui aura la même valeur que le trophée anglais ( 2500 francs ), devra, dès qu’il sera terminé, être envoyé au Mid Surrey Golf Club, dont J.H Taylor, vainqueur en 1908, est le professionnel.
Le Comité par l’entremise de son président, a exprimé à Madame Edward G. Stoïber sa profonde gratitude pour une coupe aussi précieuse, qui relève encore l’importance sportive de la grande épreuve internationale créée en 1906 et dotée, dès cette époque de 3000 francs de prix en argent pour les professionnels.

Cette même année, Arnaud Massy termine second et, en 1909 et 1910, l’épreuve est remportée par James Braid.

Arnaud Massy attend donc 1911 pour enfin serrer la « Edward George Stoïber Cup » dans ses bras et établit le record du championnat en cassant la barre des 285 coups. Score : 70 74 71 69 = 284.

Quant au grand Harry Vardon, il ne fera pas mieux que second dans cette épreuve en 1912 à La Boulie et au Touquet en 1914.

Entre 1915 et 1918, Les compétitions nationales et internationales s’arrêtent pour cause de conflit mondial. Le grand champion national, blessé à Verdun, est décoré.

Les rencontres professionnelles reprennent en France en 1919. Mais, le Grand Omnium de France fait son retour en 1920.
Joué au golf de La Boulie, le championnat est remporté par l’américain Walter Hagen après un play off opposé à Eugène Lafitte.
En 1921 sur le parcours du Touquet, Audrey Boomer enregistre sa 1ère victoire après un play off face à Massy la quarantaine bien sonnée.

1925

Brillant ambassadeur du golf français depuis une bonne vingtaine d’années, à travers l’Europe continentale et les Iles Britanniques, le Maître se présente à Chantilly au départ de l’Open de France, rajeunit et frais comme un gardon.

Programme hivernal : Régime et footing le long de la Nivelle ( petit fleuve qui passe à Ascain, mais également devant le golf, d’où son nom, et termine en baie de Saint Jean de Luz – Ciboure ).

Après un play off inoubliable sur 36 trous, il remporte pour la 4ème fois le championnat face à Archie Compston, un des grands joueurs du moment.

A 48 ans, Papy, fait de la résistance !
Il devient le vainqueur le plus âgé de l’Open de France et l’est toujours. Score : 75 76 68 72 = 291.

L’extrait ci-dessous tiré d’un article consacré à sa quatrième victoire par Jacques Beritz journaliste au Miroir des Sports nous permet de penser que le joueur est comme beaucoup un tantinet superstitieux.

J. Beritz : Hé bien, Massy ! êtes-vous content ?
A.Massy : Si je suis content !…Comme un jeune homme, comme le jour où je remportai, à Biarritz, le Prix des Cadets…un superbe louis d’or et une médaille du même métal. Je les ai toujours sur moi…ce sont mes fétiches…J’avais 16 ans lorsqu’on me les donna…Vous le voyez, mes souvenirs les meilleurs ne datent pas d’hier.

Il attribue également sa longévité grâce à l’évolution du matériel ( balles, clubs ).

En effet, il débute au golf à l’époque de la balle pleine en gutta. « A cette époque, la balle devait être frappée avec plus de précision qu’aujourd’hui car si celle-ci ne l’était pas, elle transmettait un choc dans les bras et les poignets….j’ai vu ces dernières années des balles mal touchées atteindre les 200 mètres, alors qu’une balle en gutta n’aurait même pas passé le rough ». (art : Tennis & Golf 1925).

Arnaud Massy et l’Open britannique

Le championnat de Grande Bretagne est, à l’époque, le rêve de tout joueur puisque celui-ci est considéré comme le championnat du monde.
C’est le tournoi qu’il faut gagner, qu’il espère gagner et qu’il a tout fait pour gagner « La plus grande ambition que puisse formuler un golfer, triompher dans le Championnat Open de Grande Bretagne ».

1902

Arnaud Massy se lance dans l’aventure du British Open.
Un évènement ! qui fait parler d’Arnaud Massy avant même qu’il est commencé à jouer.

C’est la première fois en plus de quarante ans d’existence du tournoi, qu’un étranger se présente au départ du grand championnat et en plus… il est gaucher.

Le public vient. Guette la bête curieuse. Et se fait une idée.

Sans aucun doute, son jeu est déjà digne des plus grands et peut l’amener à remporter le grand championnat.
Mais, il semblerait qu’il manque un peu de concentration et de maîtrise de soi.

Pour une première, il termine à égalité à la dixième place avec Andrew Kirkaldy.

A l’issue de ce championnat, il prit la décision de recommencer le golf en droitier.

1907

Ses très bons résultats obtenus les deux années précédentes à l’Open de Grande Bretagne, placent Arnaud Massy parmi l’élite des joueurs de Grande Bretagne. Sa victoire en fait le meilleur joueur du monde.

Le championnat se joue à Hoylake sur le parcours du Royal Liverpool, sous une violente pluie battante et en biais grâce un vent terrible.
En tête dès le premier tour, son grand jeu est excellent pendant tout le championnat. Chaque fois qu’il a besoin d’utiliser son driving-iron, club spécialement fabriqué par son collègue et ami Andrew Kirkaldy, Arnaud fait des merveilles.
Cette victoire n’est pas une surprise pour ses adversaires.
Tous, sans exception, reconnaissent que son jeu a été d’une très grande supériorité et que cette victoire lui est amplement méritée.

Le nouveau champion du monde trouve, peut être par modestie, que « cette victoire fut incontestablement facilitée par l’expérience que j’avais pu acquérir pendant mes premières années de golf, quand je devais jouer à Biarritz les jours où le vent soufflait en tempête ».

Il faut reconnaître que jouer à Biarritz ou Chiberta un jour de tempête, ça vaut le déplacement !
Je me souviens d’une journée pluvieuse et ventée, lors du Pro-Am des Bulles Laurent Perrier, il fallait presque avancer ventre à terre.

Premier français et étranger victorieux du tournoi le plus prestigieux au monde, il est à trente ans au summum de son art.

De retour à North Berwick pour retrouver sa Janet et découvrir le petit nez de sa Margaret, il a la surprise d’être accueilli à la gare avec cuivre et fanfare.
Sa ville d’adoption fête son héros.

Fier de cette victoire, tant méritée, il ajoute Hoylake au prénom de sa fille.

Cette victoire fait enfin parler d’Arnaud Massy dans les quotidiens sportifs français.

Le golfeur français Arnaud Massy « Champion du monde ».

Le journal sportif français de l’époque « l’Auto » fait également une traduction en Espéranto du récit de cette fabuleuse victoire.

Arnaud Massy devenu le meilleur joueur du monde offre une prestigieuse notoriété au golf de Paris.
Pierre Deschamps n’en espérait pas tant et fête, comme il se doit, son champion dès son retour.

1911

Au Royal St Georges, le plus prestigieux des tournois lui tend une nouvelle fois les bras.
A l’issue des 4 tours, il est à égalité avec Harry Vardon. Ils doivent donc s’affronter en barrage le lendemain sur 36 trous.
Après 18 trous, il a cinq points de retard. Au bout de trente quatre trous, voyant qu’il n’a aucune chance de victoire ( 10 points d’écart ), il ramasse sa balle alors qu’ils sont en train de jouer le trente cinquième trou et abandonne la victoire à Harry Vardon.

Arnaud Massy : Ses autres grandes victoires

1907

Le Grand Duc Michel de Russie et son épouse, une golfeuse avertie, l’invitent à participer à un meeting réunissant les meilleurs joueurs. Cette rencontre a lieu en février au golf de Cannes-Mandelieu.

Un article paru dans la revue sportive « La vie au grand air » 2 mars 1907, décrit les joueurs présents, leurs palmarès etc..
La victoire d’Arnaud Massy sur ces bêtes du green, est occultée. Aucune trace de sa victoire de l’année précédente au golf de Paris et même pas une toute petite photo, juste en fin d’article :
« Enfin, Arnaud Massy, de Paris, le seul français du team, qui possède en Angleterre la réputation d’être l’égal des meilleurs ».

Cette victoire a été pour Arnaud Massy un déclic. Devenant conscient de ses réelles capacités, il sait maintenant qu’il est capable de battre les « Dieux du Fairway » Harry Vardon, John H Taylor et James Braid et tous les autres.

Les noms des meilleurs joueurs commencent à dépasser les frontières. L’Europe continentale veut voir de plus près tous ses virtuoses. Ils viennent en France, ils accepterons certainement de se déplacer dans toute l’Europe.
La Belgique organise son 1er championnat en 1910 et l’Espagne en 1912.
Le nom d’Arnaud Massy figure en premier sur le trophée de ces deux tournois.
Son nom a été gravé deux autres fois sur le trophée de l’Open d’Espagne en 1927 et 1928

Arnaud Massy et le championnat de France Pro.

Après avoir gagné le 1er championnat de France pro créé par le golf de Paris en 1911, Massy quitte Versailles pour s’installer à Ciboure. Le golf de la Nivelle, troisième parcours de la côte basque est ouvert depuis 1909 mais le parcours de 18 trous n’est pas encore achevé.
Il s’installe dans la maison qui lui est réservé près du green du dix-huit et qui longe la route d’Olhete. ( La mairie de Ciboure dans les années soixante-dix rend hommage au célèbre joueur en appelant une partie de cette route, la rue Arnaud Massy ).

Le championnat de France Pro, joué sur 72 trous en deux jours, est mis en place pour découvrir de nouveaux joueurs, c’est le cas de Louis Tellier, en espérant qu’un jour, ils puissent être à leur tour aussi talentueux que leur aîné et exemple.

Ce championnat est par la même occasion une façon de les entraîner en vue du Grand Championnat Omnium puisque celui-ci se déroule depuis sa création à La Boulie. En 1912, Jean Gassiat réalise le doublé.

Arnaud Massy remporte le championnat national à trois autres reprises 1913, 1914, 1925.

Arnaud Massy son livre

1911, Arnaud Massy écrit un livre intitulé « Le Golf ».

Préfacé par Pierre Deschamps, son livre paraît aux Editions Pierre Lafitte dans la série « Sports-Bibliothèque ».

Notions Générales, La technique du Jeu, et Instructions Pratiques tirées des ouvrages d’Harry Vardon et James Braid, forment les trois parties du livre dans lequel se trouve également de nombreuses photos et dessins.

Cet ouvrage se termine par un appendice consacré essentiellement aux différents links de l’époque, les fameux d’après H.G Hutchinson, les français, les pays frontaliers, mais aussi des bienfaits du jeu de golf pour la santé par le docteur Aumont puis d’un petit lexique golfique franco-anglais.

Ce livre montre, comme le signale dans sa préface Pierre Deschamps, que le golf en France en 1911, est en plein essor alors que sa traduction en 1914, par les Editions anglaises Methuen et en 1922, ré-édité par les éditions américaines Brentano’s montre surtout la notoriété d’Arnaud Massy à travers le monde.

1913 : Match Professionnel France – Etats Unis

Cette rencontre est la 1ère initiative de Pierre Deschamps en temps que Président de l’Union des Golfs de France. Plus que jamais fidèle à sa pensée. « Présence de joueurs émérites pour attirer les spectateurs ».
En accord avec USGA, l’Union des golfs de France organise au golf de Paris un match France – Etats-Unis.

Disputée le 30 juin et le 1er juillet en match play, l’équipe de France composé d’Arnaud Massy du golf de la Nivelle, Louis Tellier du golf de la Boulie, Jean Gassiat du golf de Chantilly et Eugène Lafitte du golf de Biarritz, remporte la rencontre 6 à 0.

L’Equipe américaine était composée de :
– Alec Smith……….. Vainqueur de l’US Open 1906 et 1910
– John Mc Dermott….. Vainqueur de l’US Open 1911 et 1912
– Mike Brady ……….. 2ème de l’US Open 1911 ( battu en play off )
– Tom Mac Namara

A l’issue de cette rencontre, Louis Tellier et le maître basque sont invités à participer à l’Open des Etats-Unis qui se déroule en septembre sur le parcours The Country Club à Brookline, Massachussetts.

Arnaud Massy, pour des raisons professionnelles ( Saison d’été au Golf de Deauville) décline l’invitation et seul Tellier va se confronter avec quelques britanniques aux meilleurs joueurs américains.
Il finit 4ème ex-exquo devancé par Francis Ouimet ( amateur et vainqueur), Harry Vardon et Ted Ray.

1926 Le Trophée Arnaud Massy.

1925, Arnaud Massy réalise le doublé Championnat de France et International de France pour la deuxième fois.

Au décès de Pierre Deschamps en 1923, Henri de Noailles, duc de Mouchy, 34 ans, membre de l’équipe de France amateur, prend la présidence de l’Union des Golfs de France.
Le championnat de France Pro mis en place en 1911 devient en 1926, le National Omnium.

Particularité, les meilleurs amateurs nationaux participent à cette épreuve en compagnie des meilleurs professionnels de nationalité française.
Le but, permettre aux meilleurs amateurs de se confronter aux professionnels, d’apprendre afin d’améliorer leur niveau de jeu.
Afin de rendre hommage au plus brillant des joueurs français, le National Omnium est appelé Trophée Arnaud Massy.

Original par sa forme, un écu en bois, digne d’un grand chevalier, Maurice Bandeville offre le trophée qui dote le tournoi. Et, rappelle la victoire d’Arnaud Massy au Championnat de Grande Bretagne.
Les anciens vainqueurs du championnat de France Pro de 1911 à 1925 sont également inscrits sur le bouclier.

Réunis pour la première fois, le trophée Arnaud Massy se dispute à Wimereux en prélude du championnat amateur de France.
Présent à Wimereux, Arnaud Massy se fait plaisir. Et, remporte le premier et le seul National Omnium devant Julien Orengo.

Quant au National Amateur, il sera gagné par André Marino Vagliano 4 et 3 devant C.J Castel, vainqueur de la coupe Ganay quelques mois auparavant à Chantilly.

Arnaud Massy et la création de l’Association des Pros.

En octobre 1925, sous l’impulsion de Louis Ghintran, Eugène Lafitte, Auguste Boyer, René et Gustave Golias, Marius Cavalo, Jean Baptiste Loth et Jean Gassiat, l’Association des Professionnels de Golf de France ( APGF ) se crée et regroupe une quarantaine de professionnels.
Arnaud Massy en est le Président d’Honneur.

Quelques mois plus tard, André Marino Vagliano est choisi par les pros pour prendre en charge la jeune association et, en devient le Président -Trésorier.
Arnaud Massy en est le Président d’Honneur.

Arnaud Massy ses exhibitions.

Avant et surtout après sa victoire au British Open, l’ours des fairways participe entre ses cours et ses compétitions à de nombreuses exhibitions en France mais aussi à l’étranger.

Il y a eu entre autres, l’inauguration du golf de la Nivelle avec son ami Andrew Kirkaldy, Fontainebleau à l’initiative du Marquis de Ganay, un match à Deauville avec Eugène Lafitte contre James Braid et Harry Vardon, l’inauguration du golf de Mortfontaine ( parcours Vallière ) à l’initiative du Comte de Gramont etc…

Mais, sa plus grande exhibition, il effectue en Floride en 1926. Une tournée d’adieu de trois mois comme le font les plus grands artistes.
Basé à St Augustine, le magicien des greens participe, dès le 1er janvier, en compagnie Archie Compston a des rencontres exhibitions contre Bobby Jones, Watts Gunn, Walter Hagen, Gil Nichols, Jim Barnes, Johnny Farrell, etc.. Le reste du temps, les deux européens sont invités à disputer les épreuves professionnelles organisées près de St Augustine.
Lors du Central Florida Open Championship, gagné par Johnny Farrell, Archie Compston termine 3ème et Massy à la 5ème place.
Son jeu est toujours égal à sa réputation. Joueur au swing particulier, il marque son passage par l’excellence de son putting.

Après son séjour américain, il continue à sillonner l’Europe encore quelques années.

Arnaud Massy et la relève.

Toujours prêt à prendre le départ d’une compétition, il continue à jouer.
L’Omnium National ( 2ème en 1928 ), le tournoi de l’Association des Pros mis en place par André Vagliano et fait toujours partie de l’équipe de France professionnelle lors de rencontres comme le France / Grande-Bretagne en 1929, à Chiberta où les joueurs français, il faut le reconnaître, n’ont été très brillants. Seul Massy a réussi à finir square face à Archie Compston.
En Europe, il enregistre sa dernière victoire à Madrid lors de l’Open d’Espagne.

Marcel Dallemagne, Auguste Boyer, Jean Saubaber, Fifi Cavalo et les autres commencent à faire parler d’eux. Quant à Jean Gassiat, Eugène Lafitte et René Golias, ils sont toujours solides.

Entre 1924 et 1939, les professionnels français enregistrent plus de trente victoires internationales.

Parmi les anciens, Eugène Lafitte : Open de Belgique 1925 et d’Espagne 1929.

Auguste Boyer trois fois second de l’Open de France, gagne à 18 ans l’Open d’Italie et remporte entre 1926 et 1936 treize autres victoires internationales ( Italie, Allemagne, Suisse, Belgique et Hollande ).

Marcel Dallemagne triple vainqueur de l’Open de France dont un, mémorable en play off * contre Henry Cotton en 1936, remporte également entre 1927 et 1937, six autres Opens et une superbe troisième place au British Open de 1936.

* 36 trous de play off le lendemain 69 70 pour Marcel Dallemagne et 70 70 pour Henry Cotton.
Ce play off a cependant une petite histoire.

A l’issue du dernier tour, égalité entre les deux joueurs, le règlement prévoit un play off le lendemain sur 36 trous.
Henry Cotton annonce qu’il ne restera pas pour le play off, la somme d’argent alloué pour le gagnant est insuffisante. Le comité se réunit d’urgence et décide d’augmenter la dotation pour les deux premières places.
Vous connaissez la suite !

Lors de la remise des prix, Henry Cotton annonce qu’aucun grand joueur ne viendra jouer ce tournoi si la dotation reste aussi faible.
Henry Cotton revient jouer l’Open après la guerre et le gagne en 1946 et 1947. Puis enseigne quelques années au golf de Saint Cloud.

René Golias, vainqueur de l’Open d’Italie en 1929 et de l’Open d’Allemagne en 1931.

A la fin des années trente le cibourien Jean Saubaber, jeune professeur au golf Bordelais et élève d’Arnaud Massy, déjà vainqueur du National Omnium, remporte l’Open Suisse en 1938.

Quant à Fifi Cavalo, il remporte le même Open, l’année suivante.

Cette belle période est hélas interrompue par le deuxième conflit mondial du siècle.

Arnaud Massy, sa sortie

En 1928, à 51 ans, il quitte la Nivelle pour le nouveau golf de Saint Jean de Luz, Chantaco.

Le golf de Chantaco, dessiné par le grand Harry Colt, est financé par René Thion de La Chaume, père de Simone, la jeune et déjà grande championne, et de Robert vice champion de France 1923 qui a épousé quelques années plus tard Manette Le Blan.
Il prend Raymond Garaïalde comme assistant. Il garde le souvenir d’un homme dur, très dur mais dont les conseils ont été précieux.
Arnaud Massy ne gagne plus. Son terrible caractère brut de chez brut n’a pas dû s’arranger. Tournant en rond tel un lion en cage, il est de plus en plus ronchon, parfois colérique et cela devient de plus en plus insupportable.

Cependant, il continue de jouer, fait toujours partie des meilleurs français, est sollicité notamment par le Pacha El Glaoui qui le fait venir à Marrackech pendant la période hivernale.

Puis, le décès de son épouse en 1935 l’ayant affecté, il séjourne régulièrement en Ecosse où sont installées ses filles. Pendant la seconde guerre, Arnaud Massy choisit de rester près d’elles, à Edimbourg.

Puis, la paix revenue, le golf d’Etretat, magnifique links de falaise créé en 1908, pour lequel il a participé au tracé l’accueille bras ouverts.

Conclusion

Arnaud Massy a vécu grâce et pour le golf.
Passionné, talentueux, beaucoup de volonté, de travail, fier, très dur envers lui et les autres, Arnaud Massy a eu par ses brillants résultats, sa forte personnalité, sa notoriété etc. contribué au développement du golf français et certainement au boom du golf d’Europe Continental.

Arnaud Massy meurt à Etretat le 16 avril 1950.

 

Rédacteur : Philippe PALLI – Paris

 

Collection : Philippe ESTANG – Montpellier sauf mentions contraires

Sources :

Le Golf : Arnaud Massy Editions Pierre Lafitte 1911

Tennis et Golf. Art : Souvenirs de mes débuts par Arnaud Massy 1926.

Golf Européen : Juillet 1977 . Souvenir d’Arnaud Massy par Raymond Garaïalde

American Golfer “ Players of the period ” par Henry Leach, janvier 1916

La Vie au Grand Air et American Golfer : Match France – Etats-Unis 1913

Le Miroir des Sports 21 octobre 1925

Et merci à Messieurs Georges et Nicolas Jeanneau pour m’avoir éclairer sur l’année de passage de gaucher à droitier d’Arnaud Massy. 1907 : La victoire d’Arnaud Massy au British Open.