L’activité de la FFGolf et des Clubs pendant la guerre

Cet article, « L’activité de la FFGolf et des Clubs pendant la guerre » a été écrit par Alexandre Bernard, Président du Golf de Saint Germain pour le magazine Tennis & Golf / Mai 1946.

L’activité de la Fédération Française de Golf a été interrompue de juin 1940 à septembre 1941. Le duc de Mouchy qui, pendant 20 ans, avait assumé la Présidence de la Fédération, se retira pour raisons personnelles.

Il fut remplacé par M. A-M Vagliano, Président de septembre 1941 à septembre 1943, date à laquelle M. Guy Delamarre-Deboutteville fut nommé Président avec un nouveau Comité qui resta en fonctions jusqu’à la Libération.

En mars 1945 et, conformément aux instructions du Commissariat général aux Sports, le duc de Mouchy reprit la Présidence avec le Comité qui siégeait en 1939 et resta en activité jusqu’en janvier 1946, date de la réunion de l’Assemblée Générale, où celle-ci désigna le Comité actuellement en fonctions.

A la déclaration de guerre, environ 80 clubs fonctionnaient normalement, tant en France qu’aux colonies.

Par suite de la guerre, un certain nombre d’entre eux furent détruits, endommagés ou réquisitionnés par l’armée occupante, si bien qu’une vingtaine seulement purent rouvrir au cours de ces cinq dernières années, notamment : Aix-les-Bains, Biarritz, Bordeaux, Chamonix, Saint Jean de Luz, Chantilly, Evian, Fontainebleau, Lyon, Port-Marly, Mortefontaine, Pau, Reims, St Cloud, St Germain, Tours, Vichy.

La Fédération reprit contact dès septembre 1941 avec le plus grand nombre de ces golfs, dans le but de les aider à poursuivre ou à reprendre leur activité. Mais la séparation du pays en deux zones soumises à des régimes différents et ne pouvant communiquer entre elles que difficilement, mit le Comité Directeur de la Fédération, dans l’obligation de se faire représenter officiellement dans la zone sud.

Par suite de l’impossibilité de faire paraître les périodiques d’avant-guerre, la Fédération envoya régulièrement aux Golfs, un bulletin d’information, pour les tenir au courant de son activité.

Désireuse, malgré la situation d’alors, de développer la pratique du golf parmi les jeunes, la Fédération aida à la création de centres d’instruction et d’entraînement universitaires, qui furent créés notamment à Bordeaux, Lyon, Marseille, Aix, Port-Marly, Nantes et Tours.
Les résultats obtenus prouvent que cette initiatives devraient être reprises et généralisée.

Les premières épreuves disputées pendant l’occupation furent organisées pour venir en aide aux victimes de la guerre, et plus spécialement pour soulager les familles des professionnels en captivité.

La Fédération s’efforça également de maintenir un contact entre les Professeurs et les Amateurs en captivité et de les tenir au courant de la situation de notre Sport.

De 1940 à 1945, les Golfs français ont, dans l’ensemble, beaucoup souffert et certains d’entre eux ne pourront probablement jamais reprendre leur activité. Ceux qui ont pu maintenir leur terrain en état, ont éprouvé de très grandes difficultés, aussi bien du fait des troupes allemandes que du fait de leur situation financière rendue très difficile par suite du nombre restreint de leurs membres.

Mais, la plupart des dirigeants des Clubs avaient, comme préoccupation constante, pendant ces sombres années, de tout mettre en oeuvre pour garder leurs parcours en état tel, que ceux qui devaient nous libérer, puissent le plus rapidement possible, quand ils auraient mis le pied sur le sol de France, en profiter.

Dès que les conditions militaires le permirent, les dirigeants des clubs en activité organisèrent des rencontres avec nos Alliés.

Nous signalerons seulement, comme particulièrement caractéristiques les deux rencontres qui eurent lieu entre une équipe de la Royal Navy et une équipe du Golf de Saint Germain.

La première eut lieu le 26 décembre 1944, l’Amiral Sir Bertram Ramsay, un des organisateurs du débarquement anglo-américain participait à ce match.

Malheureusement, quelques jours plus tard, l’Amiral Ramsay et plusieurs de ses officiers trouvaient la mort en service commandé dans un terrible accident d’aviation.

Une deuxième rencontre eut lieu le 8 mai, jour de la signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne. L’Amiral Burrough, successeur de l’Amiral Ramsay, qui avait signé à 0h01 àBerlin ce document historique, revenait spécialement en avion à Saint Germain à 15 heures afin de participer au match-revanche dont la date était fixée depuis plusieurs semaines.

C’est, je crois, un évènement qui méritait d’être signalé dans les annales du Golf et prouverait, si besoin, l’exceptionnel esprit sportif de nos amis britanniques.

En dehors de ces matches amicaux, des compétitions entre nos Alliés eurent lieu également sur différents parcours de la région parisienne : rencontre entre équipes d’officiers américains et sélections de divers clubs.

La Fédération s’était d’ailleurs souciée d’entrer en rapport avec les Services Sportifs des armées inter-alliés pour régler les conditions dans lesquelles les parcours pourraient être mis à la disposition de leurs troupes.

Ces accords permirent à plus de 35 000 soldats alliés de profiter des parcours de la région parisienne. Les témoignages de satisfaction adressés, tant aux Présidents de Clubs qu’à la Fédération, prouvent que nos alliés ont apprécié l’hospitalité reçue dans les Golfs français.

Les dispositions qui avaient été prises, tout en donnant satisfaction à nos Alliés, avaient permis en même temps de soulager de façon appréciable les trésoreries alourdies des Golfs, du fait de la remise en état des terrains.

Les championnats les plus importants disputés depuis 1941 sont les suivants :

– Championnat Amateurs de France :

1942 : gagnant Michel CARLHIAN

1943 : ……………Michel CARLHIAN

1944 : ……………Michel CARLHIAN

1945 : …………..H. ALIBEAUX

– Championnat Amateurs Dames :

1942 : gagnante Duchesse d’ELCHINGEN.

1943 :…………….Vsse de ST-SAUVEUR

1944 :…………….Vsse de ST-SAUVEUR

1945 : …………..Non disputé

– Omnium National :

1942 : gagnant Michel CARLHIAN

1943 :…………..Jean ALSUGUREN

1944 : ………….Fifi CAVALO

1945 : ………….Pierre HIRIGOYEN

– Handicap National

1945 : 1er DAVID, de Port-Marly

1ère dames Mlle PIAT de Saint Cloud

– Coupe de France :

1944 : gagnant MORTEFONTAINE

– Coupe Maneuvrier

1943 : gagnant CHANTILLY

1944 : néant

1945 : gagnant SAINT GERMAIN

Il est à noter que de nouvelles épreuves ont été créées par la Fédération :

Handicap National disputé au profil des Professeurs de Golf Prisonniers

Coupe de France.

Enfin, dès la Libération, la Fédération porta tous ses efforts sur la remise en état des Golfs qui avaient le plus souffert et un service spécial de Dommages de Guerre fut créé à cet effet.

Etant donné le nombre relativement faible des joueurs qui existaient en France, comparé à ceux des autres sports, la nature même du sport en cause, qui restait l’apanage d’une catégorie privilégiée et les épreuves supportées par le pays, au cours des années de guerre et d’occupation, on pouvait craindre d’assister à sa disparition. Ce sera donc un des grands services rendus par la Fédération, que d’avoir maintenu, même au ralenti, l’activité de notre sport, au cours de ces dures années.

La fréquentation des Golfs par les Membres des Armées alliées a par contre prouvé combien le Golf était populaire aux Etats-Unis et en Angleterre.

Nous pensons qu’il n’y a aucune raison pour que la pratique de Golf ne pénètre pas dans tous les milieux sociaux, comme le Tennis, le Foot-Ball, le Hockey. Il appartiendra à la Fédération d’étudier ce problème et d’entrer en rapport avec les Municipalités dans le but de créer des Golfs Publics comme dans les pays alliés.

Il ne faut pas oublier que, quelques années avant la guerre, le champion amateur d’Angleterre était un ouvrier mineur.

Alexandre Bertrand – Président du Golf de Saint Germain – Tennis & Golf mai 1946.