Pau (1856), le plus vieux golf d’Europe continentale

Golf Planète vous présente le deuxième volet de cette nouvelle série « Le golf dans l’art ».

Il est entièrement consacré au golf de Pau, fondé en 1856.

par JBK (Jean-Bernard Kazmierczak)


Le golf de Pau à travers la peinture


Tous les amateurs le savent –  nous avions consacré dans cette rubrique, au mois d’avril 2020, un texte sur la collection d’objets relatifs au golf de Pau –, le PGC 1856 est le plus ancien golf du monde, en dehors de l’Empire britannique. Il n’est donc pas surprenant qu’on y trouve aussi des objets d’art particulièrement intéressants.

Parmi les 160 pièces de collection appartenant au club et classées au titre des monuments historiques de France, les médailles et trophées que l’on peut y admirer, sont aussi des œuvres d’art, mais nous nous limiterons ici aux tableaux. À eux seuls, ils méritent que le golfeur passionné d’art fasse le voyage jusqu’au Pau Golf Club, dans la plaine de Billère à quelques encablures du château d’Henri IV.

Mais avant toute chose, nous voudrions exprimer ici notre gratitude au PGC et à son président Jean-Loup Lacombe ainsi qu’à son historien Yves Caillé, auteur du premier livre sur l’histoire d’un club en France.

 

Joseph Castaing (1860–1918)

Pendant toute la période du XIXe siècle, le golf de Pau était britannique et les Français étaient rares. Pourtant le plus ancien tableau connu d’une scène de golf à Pau est un tableau de Joseph Castaing, un artiste palois. Il date de 1880 et il représente une partie de golf au PGC – ce qui est d’autant plus surprenant qu’il ne représentait que très rarement des scènes de la vie de la cité et de son environnement.

 

Thomas Hodge (1827–1907)

Cette aquarelle qui est certainement la seconde plus ancienne représentation d’un golf sur le continent européen est due à un Britannique. Elle indique en guise de signature « Bilière, 6, Xbre, 88 » (en l’écrivant avec un seul « l » comme pourrait le faire phonétiquement un Britannique), mais sans le nom de l’artiste. Toutefois, nous pensons, sans en être certains, que l’on reconnaît la patte de Thomas Hodge qui a peint de nombreuses aquarelles dont une moitié n’est pas signée de son nom. Il habitait St Andrews et fut membre du Royal & Ancient, ce qui explique peut-être sa passion pour les représentations de scènes golfiques dans la plupart de ses travaux. De plus, nous savons qu’à cette époque, il était sur le continent.

Collection particulière

On y voit des joueuses sur le parcours dit des Dames, vers les trous 5 et 6 actuels, le long du gave de Pau, en compagnie d’un tuteur vraisemblablement un professionnel du club et son assistant.

Tout en haut de la colline, on devine une belle maison de maître qui depuis a été vendue. Elle est devenue à présent un centre médicalisé pour enfants « le Nid béarnais ».

Hodge ne fut reconnu comme un grand artiste qu’en 1983, bien après sa mort, lorsqu’un lot de ses aquarelles fut découvert au fond d’une boutique d’antiquaire dans le fameux quartier de Camden Lock Market à Londres. Une grande partie de son œuvre peut aujourd’hui être admirée au R&A à St Andrews.

Il faut toutefois noter que cette aquarelle n’est pas visible à Pau mais figure dans une collection privée.

 

Major Francis Powell Hopkins, dit “Shortspoon” (1830-1915)

Né à Cambridge, il fut lui aussi un grand aquarelliste, mais il est aussi connu pour ses peintures à l‘huile. La plupart de ses œuvres représentent des scènes golfiques. Le tableau de Pau, peint en 1894, représente vingt-quatre des membres les plus influents du PGC.

En dehors de son intérêt artistique, ce tableau est apprécié parce que la plupart des personnages sont identifiés, ce qui aide aussi à nommer plus facilement des joueurs présents sur d’autres tableaux. Le lecteur intéressé pourra se reporter à l’ouvrage de Raphaël Rossoni, cité en bibliographie. Indiquons simplement ici que le joueur au drive est Sir Victor Brook qui fut le président du club entre 1880 et 1884.

Le tableau suivant est une aquarelle du même Francis Powell Hopkins.

 

Alan C. Sealy (1850-1927)

Ce peintre britannique, né dans le Sommerset, a surtout peint des paysages et des scènes équestres. C’était un excellent golfeur (5 de handicap) qui resta plusieurs années à Pau. On peut voir ses scènes de la chasse au renard au Pau Hunt Club ; plusieurs de ses toiles sont visibles au club-house du PGC.

A l’origine, il y avait quatre tableaux accrochés aux cimaises du PGC, mais le quatrième a malheureusement disparu et c’est une copie (faite par Jacques Loustalet, d’après une photographie en noir et blanc – les couleurs sont donc imaginées) qui est donnée ici. Elle représente le baron St Levan à l’adresse. L’original appartient aujourd’hui à la famille St Aubyn et il est exposé au château de St Michael’s Mount, en Cornouailles.

 

Comment cette toile, longtemps exposée dans le club-house du golf de Pau, s’est-elle retrouvée en possession d’une famille britannique, nul ne le sait. Certains disent que c’est la famille qui avait récupéré ce tableau avant l’invasion allemande vers 1940 alors que d’autres affirment qu’on pouvait encore le voir dans les années 1960 ! Mais ce dont on est sûr, c’est que la première personne qui ait signalé cette disparition est Yves Caillé. Alors qu’il écrivait son livre sur l’histoire de ce club, il trouva une photographie représentant les quatre tableaux alors qu’il n’en voyait plus que trois en 1981 ! La conclusion était immédiate : un tableau avait bien disparu. Il fallut ensuite attendre 2015, pour qu’un historien néerlandais, M. Robin Bargmann, en retrouvât la trace, en Cornouailles.

 

En vérité, Il existe une cinquième toile du golf de Pau peinte par Sealy, mais elle n’est pas facilement accessible car elle se trouve dans une collection privée à St Andrews. Le collectionneur nous a aimablement autorisés à la reproduire ici.

 

Approche de H. Hutchinson sur le trou n°10 1892

Le tableau disparu puis retrouvé dans une collection particulière et actuellement visible dans un musée, 1893…

et sa copie par Jacques Loustalet …

Approche le long du gave

Sur le 9

Collection privée

 

 

Les autres tableaux du club

Pau a la chance de nous offrir deux autres tableaux de grande qualité.
Il s’agit de deux aquarelles : la première représente le départ du trou 17, peinte par F. Delaye en 1892 ; la seconde, qui date de la fin du XIXe siècle, a été réalisée par E.H. Green et représente le parcours des Dames.

 

 

 

Le parcours des Dames, E.H. Green, c. 1900

Le départ du 17, F. Delahaye, 1892

 

 

Il est difficile d’avoir une idée des prix des tableaux sachant que la plupart d’entre eux ne sont pas à vendre. Il convient de savoir toutefois que si vous avez la chance de tomber sur une oeuvre de Sealy disponible, elle pourrait vous revenir à partir de 50 000 euros.

Parlant de prix, sachez que dans une prochaine rubrique « Histoire et Collections : le golf dans l’art », Golf Planète vous proposera des lithographies consacrées au golf, accessibles à tous ! Si vous voulez correspondre sur ce sujet avec notre spécialiste Jean-Bernard Kazmierczak, vous pouvez le joindre à golfika@yahoo.fr .


Bibliographie :

Yves Caillé, Pau Golf Club, le St Andrews du Continent, J&D Editions, 1990.

Ian Henderson & David Stirk, Shortspoon, Major Hopkins, éd. Henderson and Stirk, Crawley, 1984.

Langton, Harry, Thomas Hodge The Gold Artist of St Andrews, Sports Design International, 2000.

Raphaël Rossoni, Pau Golf Club – Who’s who 1856-1966, Seconde édition, 2017.